La pensée du négatif

 

 

 

« … je préférerais ne pas être un peu raisonnable »

Bartleby[1]

 

 

« Le sommeil de la raison produit des monstres » est l’un des Caprices de Goya et c’est le texte qu’on lit sur le devant du dessin. L’explication sur la gravure donnée par le Musée de Prado[2] est basée sur les écrits de Alcalà Flecha qui donne trois explications à ce « sommeil de la raison » peuplée par des monstres : premièrement, Goya, croit dans la raison qui élimine l’obscurantisme ; deuxièmement, la raison et la fantaisie sont des principes antithétiques et troisièmement, dans la lutte entre les lumières et les ténèbres ce sont les dernières qui ont gagné… Évidemment qu’on parle de fantaisie, de l’imagination qui vole sans entraves, car en espagnol « soñar, sueño » signifie autant rêver/rêve que dormir/sommeil…

Est-ce vraiment ainsi ? Goya a vécu et crée en pleine époque de l’inquisition, donc je dirais qu’à un moment donné il a dû être assez politiquement correct… ; c’était une question de survie pour lui peut-être ? Parce que, comment peut-on faire de l’art à partir de la raison pure ?

 

[1]Melville, Bartleby le scribe, Gallimard, 1986, p. 47

[2]https://www.museodelprado.es/coleccion/obra-de-arte/el-sueo-de-la-razon-produce-monstruos/e4845219-9365-4b36-8c89-3146dc34f280